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Homélie Dimanche des Justes

P. Béchara AOUN

Textes du jour

Hb 12 : 18-24 et Mt 25 : 31-46

Révérend Père Joseph, frères et sœurs en Jésus Christ, nous sommes au Dimanche des Justes qui nous ont précédé au Royaume céleste. Le 22 février nous fêtons la chaire de Saint Pierre en mémoire de sa fondation de l’Église d’Antioche avant d’aller à Rome.

C’est le verbe aller qui retient mon attention dans les lectures. Dans l’épître aux hébreux, on nous recommande d’aller vers Jésus le médiateur et l’Évangile de Saint Matthieu, au chapitre 25, nous invite à aller vers ceux et celles qui ont besoin de nous. Cette capacité à aller au secours de l’autre, comme Jésus-Christ qui est venu sur terre pour sauver l’humanité, touche nos cœurs. Nous n’avons pas oublié le sacrifice héroïque d’Arnaud Beltrame, ce gendarme qui s’est volontairement substitué à une otage il y a moins d’un an. Nous avons admiré le courage de Simon Cartannaz et Nathanaël Josselin, les deux pompiers qui ont permis, il y a un mois à Paris, de sauver une vingtaine de vies au prix de la leur. Il s’agit des bienheureux français des temps modernes qui donnent ce qu’ils ont de plus cher pour que vivent d’autres.

Dans cette même France, certains individus adoptent un mode de vie malveillant vis à vis de la société. L’Évangile d’aujourd’hui nous met en garde. Il nous explique qu’il n’y a pas de place au Royaume des cieux pour l’égocentrisme ni pour l’indifférence. Mais pourquoi donc ? Après tout je ne fais de mal à personne en étant égoïste ou indifférent ! Vraiment? Pas si sûr! Quand, dans ton couple et plus largement dans ta famille, tout doit tourner autour de ta personne, tu effaces sans te rendre compte ton mari, ton épouse, tes enfants et par là même tu mets ton mariage en difficulté. Quand, au travail, il n’y a que toi qui a raison et tous tes collègues doivent se plier à tes désirs, tu leur mènes la vie dure. Quand, dans ta paroisse, tu exiges que tout le monde soit aux petits soins avec toi et tu refuses de te mettre au service de tes frères et sœurs, ta pratique religieuse manque de discernement.

Existe t-il un remède pour une société dite individualiste ? Frères et sœurs l’indifférence et l’égocentrisme ne sont pas une fatalité. Nous pouvons lutter contre ce fléau, à commencer par nos familles. Continuons à cultiver l’esprit de l’entraide dans l’éducation de nos enfants. Encourageons les à respecter toute personne et à se soucier du bien commun. Montrons leur le bien que cela fait d’aider et d’être aidé par d’autres. Donnons leurs les moyens de sortir du piège de l’égoïsme qui enferme la personne sur elle même. Expliquons leur que chaque vie est précieuse. Parlons leur de Jésus Christ qui sauve et qui libère.

Merci Seigneur pour cette paroisse. Elle est un moyen pour nous, fidèles, d’aller vers toi à travers chaque frère et sœur. Merci pour Arnaud Beltrame, pour Simon Cartannaz et Nathanaël Josselin. Merci pour saint Valentin fêté le 14 février, cet évêque qui a été tué au troisième siècle pour avoir accepté de marier des soldats romains alors que cela était interdit par l’empereur. A toi la gloire. Amen

Homélie Fête de St Maroun

Père Joseph G. EID

Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous célébrons la St Maroun, fête du patron de l’église maronite.

Maroun, dont le prénom peut signifier le petit Seigneur, est un moine chrétien syriaque, anachorète, ayant vécu à la fin de l’IVe et au début du Ve siècle et qui s’est retiré du monde. Selon Théodoret de Cyr, Maroun menait, en plein air, à l’écart, au sommet d’une montagne, près d’un ancien temple païen qu’il avait converti en église, une vie de prières et d’ascèse. Il s’exposait volontairement à l’ardeur du soleil et à toutes les intempéries en s’abritant dans une tente en peau. L’austérité de sa vie et les miracles qu’il accomplissait le rendirent célèbre dans toute la Syrie, et beaucoup venaient à lui pour solliciter sa prière. Après sa mort, un monastère s’élèvera sur son tombeau et « Mar Maroun » deviendra un grand lieu de pèlerinage. Ce monastère sera la capitale religieuse de ceux qui furent appelés « ceux de Maroun » ou Beit Maroun (la maison de Maroun) ou maronites.

« Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ».

Chers frères et sœurs, la vocation de Maroun répond à une prise de conscience. Très vite, le cœur de Maroun fut percé par l’amour de Dieu. Il réalise que tout ce que Dieu crée est bon, mais que l’attachement aux choses créées, au point d’en faire des idoles, peut mener l’être humain à sa perte. Dans un contexte social similaire au nôtre (peut-être sans les avancées technologiques), Maroun, comme d’autres poussés par un élan de charité, préfère suivre la voie du détachement radical pour gagner la vie éternelle. Il est conscient qu’il est ce grain de blé semé appelé à mourir pour porter des fruits. Maroun préfère se retirer à l’écart, loin du luxe apparent de son époque. Son mode de vie est vite reconnu comme un remède au vide engendré par la quête des plaisirs éphémères, dans un monde qui ne reconnait plus que notre vie ici-bas n’est que passage. Maroun, comme beaucoup, est en quête d’une plénitude qu’aucune société ne peut offrir. Sa vie de détachement, sa vie à l’écart, n’est pas une fuite, mais bien au contraire un courageux face à face qui ressemble au retrait de Jésus dans le désert.

Dans ce désert, Maroun se met à l’écoute du Seigneur qu’il aime. Il défie le tentateur en se remettant entre les mains de Dieu. Il suit l’enseignement des apôtres, comme Timothée, dansla foi, la patience, la charité et la persévérance. Il devint un modèle de sainteté pour d’autres. Chers frères et sœurs, en tant que paroisse maronite regroupant des fidèles de différentes confessions, essayons tous de vivre les valeurs que nous a laissé Maroun. Il s’agit des valeurs mêmes de l’évangile.

Comme Maroun, ayons cette prise de conscience que Dieu seul suffit. Attachons-nous à la vérité et défendons là comme l’a fait Maroun, en toute humilité et douceur, mais sans compromis. Peut-être pourrions-nous également être un point d’interrogation en rappelant aux disciples du Christ, partout dans le monde et tout particulièrement en orient, ce qui est le plus important : ne pas chercher la gloire du monde, mais celle de Dieu !

Homélie 2ème Dimanche de l’Epiphanie

Puisez votre énergie dans le Seigneur

P. Béchara Aoun

Textes du jour

Eph 6 : 10-18 ; Mc 10 : 28-31

Révérend père Joseph, chers frères et sœurs, nous sommes au deuxième dimanche du temps de l’Épiphanie. Dans ce temps liturgique le Seigneur se montre, se révèle à tous : Père, Fils, et Esprit Saint. Il ne s’agit pas d’un secret accessible uniquement à une élite.

L’Épître aux Éphésiens nous fait comprendre que Dieu est comme une station service capable de nous fournir l’énergie nécessaire pour vivre et pour tenir dans le combat face au diable et à ses manœuvres. Ce mois de janvier est riche en fêtes et événements ecclésiaux ; du 18 au 25 janvier nous prions, comme tous les ans, pour l’unité des chrétiens.

Cette année la semaine de prière pour l’unité des chrétiens a pour thème « Justice et paix s’embrassent : chemin d’unité ». Hier, 19 janvier, et jusqu’au 27, les JMJ de Panama rassemblent les jeunes du monde autour du thème : « Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole” (Lc 1,38). Le 15 janvier nous avons fêté, selon notre calendrier maronite, Notre Dame des Semences ; une fête très ancienne dans laquelle les agriculteurs, à la fin de leur travail, confient à la Vierge Marie leurs semences. Et, le 17 janvier, nous avons fêté Saint Antoine le Grand, appelé aussi Père des Moines. Prends ton énergie du Seigneur. Il n’était pas difficile de trouver le lien entre ces fêtes et événements. Pourquoi les chrétiens ne se résignent-ils pas à la fatalité, face aux divisions, aux intempéries, dans leurs combats spirituels contre le diable ? Pourquoi les jeunes chrétiens traversent les continents quand l’Église organise les JMJ ? Pour quelles raisons sommes-nous réunis ici ce dimanche ? Probablement pour puiser l’énergie dans le Seigneur.

Prends ton énergie du Seigneur comme l’ont déjà fait les saints avant toi.

Nous savons tous que Saint Antoine le Grand, par exemple, a eu beaucoup d’épreuves physiques et spirituelles et que le diable lui rendait la vie difficile et essayait de l’épuiser. Comment a-t-il fait ? Il a pris son énergie du Seigneur par la prière intense et le jeûne. A 1h30 de voiture d’ici, il est possible d’aller visiter Saint Antoine l’Abbaye où sont conservées les reliques de ce grand saint, père des moines. C’est une occasion aussi d’approfondir vos connaissances au sujet de sa vie. Pour prendre ton énergie du Seigneur, tu as besoin de le suivre. Celui qui prend l’énergie du Seigneur est capable de triompher avec le Christ. Et même la mort ne peut rien contre lui. Le Seigneur nous rend invincibles et manifeste sa gloire et sa force à travers ses enfants, malgré leurs faiblesses.

Nous vous rendons grâce, Seigneur, pour tous ceux qui se mettent à votre suite. Et particulièrement pour notre curé P. Joseph Eid, moine Antonin. Merci Seigneur pour tous les moines que vous avez envoyé au service de cette paroisse. Faites que ce qu’ils ont semé grandisse et nourrisse l’Église entière. Amen.