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Homélie Dimanche du Lépreux

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mc 1, 35-45

Chers frères et sœurs, les textes de ce Dimanche nous dressent un des axes les plus importants qui devraient orienter notre carême : l’obéissance à la volonté de Dieu.

Dans la lecture de la lettre aux Romains, St Paul avertit ses disciples : Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel… le salaire du péché, c’est la mort, dit-il. Dans cette perspective, la pire des maladies c’est de laisser le péché régner sur nous. Le remède présenté par Paul c’est d’obéir de tout cœur au modèle présenté par l’enseignement transmis, autrement dit, à la volonté de Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui il est question du Lépreux. Nous avons des traces de la lèpre dans des manuscrits laissés par différentes civilisations. La lèpre faisait peur et était considérée comme une malédiction des dieux, une punition de Dieu dans l’Ancien testament. Ce n’est qu’au 20ème siècle que cette maladie a pu être diagnostiquée et traitée de manière appropriée.

Le lépreux de notre évangile était donc désespéré. Les traitements de son temps ne pouvaient pas le guérir. Isolé de la société et rejeté, il ne pouvait s’approcher et toucher que ses semblables, de qui il recevait ou non, un peu d’affection. Il vint vers Jésus, se mit à genoux et lui dit : Si tu le veux, tu peux me purifier. Il savait que seul jésus pouvait sauver/guérir son corps. Tout ce qu’il fallait c’est que Jésus le veuille. En ce, le lépreux nous livre un exemple. Quelque soit la gravité de notre situation, ayons confiance en Dieu, approchons-nous de lui avec humilité. Nous pouvons être sûrs que notre espérance est toujours bien placée. Dieu écoute nos supplications. Il répond à sa manière à celui qui s’approche de Lui. Et sa réponse dépasse toujours nos attentes humaines.

Le lépreux est donc guéri grâce à cet acte de foi en la miséricorde du Seigneur. Cependant, c’est ce qui se passe après qui est intriguant. Jésus l’avertit rigoureusement : Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. Notre Seigneur interdit au Lépreux de ne rien dire, mais plutôt d’accomplir ce qui était prescrit par la Loi. Il lui révèle sa volonté. Jésus ne voulait pas que sa mission, que son annonce du royaume soit éclipsée par les bienfaits d’une guérison physique. Nous pouvons et nous devons prier pour nos besoins. Dieu nous le demande. Mais Jésus nous rappelle ce que devrait être, même au cœur de nos souffrances, notre vrai objectif, notre vrai bien : Rendre témoignage selon sa volonté prescrite dans la Loi (pour le juif). Dans nos prières quotidiennes, demandons plutôt : Quelle est ta volonté pour moi aujourd’hui ? Eclaire ma conscience Seigneur pour que j’agisse vraiment selon ta volonté révélée en Eglise. Je me confie à toi en tout, à tes enseignements.

Le comportement du Lépreux nous révèle donc l’importance de l’obéissance à la volonté de Dieu. En contrant la volonté de Jésus, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

Les gens ont continué de venir vers lui malgré l’obstruction causée par la désobéissance du Lépreux. Dieu nous donne de participer activement à son projet de salut. Il peut réaliser ce projet sans nous. Mais malheureusement nous pouvons retarder son projet, même si éventuellement Dieu finit par arranger les choses.

Chers amis, face à nos difficultés et à nos souffrances physiques psychologiques ou spirituelles, nous faisons quelquefois la même démarche que le lépreux. Nous nous approchons de Jésus le sollicitant de nous venir en aide. Mettons-nous à l’école de l’humilité. Convertissons-nous. Adoptons le regard de Dieu. En ce carême, essayons plutôt de cultiver notre désir de Dieu Lui-même, de sa volonté. Cherchons à lui offrir des petits actes qui témoignent de notre amour.

A Lui la gloire à jamais.

Premier Vendredi du Carême 2019

Pourquoi la Croix ? La Croix est, aujourd’hui le même scandale, la même folie. Ce scandale nous mène à nous interroger sur notre espérance. L’espérance que nous possédons, nous devons pouvoir en parler et en rendre compte, avec des mots jaillis de l’intérieur, comme nous l’indique St Pierre dans sa première lettre. Rendre compte de notre espérance c’est donc la mission que nous lègue Jésus à travers son Eglise. Car la Croix que nous portons sur nous, la Croix que nous traçons sur nous fréquemment dans la journée, cette Croix nous enseigne.

La croix est nécessaire : La Croix est là, imbibée de souffrance et d’anxiété. Inutile de penser que Jésus aurait pu mourir autrement, plus tard ou ne pas mourir du tout et rester avec nous. Non, Jésus le dit à plusieurs reprises à ses disciples : « Il fallait que le Fils de l’homme monte à Jérusalem » … Cet « il fallait que » a un sens. Par sa passion Jésus nous révèle le plan d’amour de Dieu. Cet « il fallait que » n’est pas une fatalité, une prédestination (Maktoub). Et comme saint Pierre, nous avons envie de dire : « Nous ne permettrons pas que cela arrive. » Saint Pierre, lui était prêt à lutter et sortit son glaive.

La Croix comme instrument de salut : Dans ce drame de la mort du Christ, il semble que ce soit le mal qui triomphe. Pourtant non, il n’y a pas de fatalité. Lorsque le mal semble l’emporter, lorsque Jésus rend son âme et que tous les disciples se dispersent comme un troupeau privé de pasteur, Jésus demeure le Vivant. Il traverse les ténèbres et prive le royaume de la mort de sa puissance.  Face à tout découragement, à toute désespérance humaine, il faut opposer cette certitude, ce roc absolu de la Croix du Christ, car c’est une Croix qui ne représente pas la mort, le néant ou l’absurde, mais qui symbolise un amour infini auquel nous sommes invités à communier. En cela réside cette espérance dont nous devons rendre compte.

Sans Croix, pas d’amour : Il y a plus encore. « Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai tous les hommes à moi » Les bras étendus du Christ ne manifestent pas tant la souffrance humaine que l’amour de Dieu qui s’offre, qui se donne constamment, qui sort de lui-même et va jusqu’au plus bas, jusqu’au plus profond de notre misère pour nous attirer à Lui, nous élever à Lui et nous unir à Lui. Il y a ainsi rencontre entre la Croix-amour de Dieu et la Croix-réponse et amour de l’homme. C’est pour cela que l’homme a été créé, pour vivre de l’amour éternel, pour atteindre et communier pour toujours, indiciblement, à la vie divine.

Aujourd’hui, nous sommes les instruments, les échos de la Croix du Christ. Si nous sommes ainsi en marche, le regard levé vers la Croix du Christ, Dieu nous révèle à chacun et à tous ensemble notre chemin, qui est un chemin de vie, de témoignage et d’espérance, un chemin d’Église.

Homélie en l’église St Bonaventure (Lyon)

Dans le cadre de la semaine de la prière pour l’unité des chrétiens

P. Joseph G. EID 

Lectures de ce jour selon le rite latin

Cor.12 : 4-11 ; Jn 2 : 1-11 

Révérends pères, chers frères et sœurs, je répète l’expression de ma joie et de ma gratitude d’être parmi vous, accompagné des fidèles de la paroisse maronite de Lyon dans le cadre de la prière pour l’unité des chrétiens. Ainsi, nous pourrons témoigner, comme le dit St Paul dans sa première lettre aux corinthiens, que les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit, le même Dieu qui agit en tous. Et nous avons l’assurance des paroles du Christ-même, adressées à ses disciples en Mathieu 18 :

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis-là, au milieu d’eux ».

Cependant, le chemin vers l’unité tant souhaitable par le Christ (Que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es en moi et moi en Toi : Jn. 17, 21) est surtout et avant tout un chemin de sanctification dans la vérité (sanctifie-les dans la vérité). Oui, le chemin vers l’unité désirée par tous les chrétiens est un chemin de sanctification dans la vérité qui requiert une conversion continue et humble de notre part, pour que nous puissions être sûrs que nous sommes vraiment réunis ‘en son nom’.

Chers amis, je profite de ma présence parmi vous pour ouvrir une petite parenthèse à propos de l’église maronite. Cette église catholique orientale est une église antiochienne de rite syrio-araméen en pleine communion avec Rome. Elle a été fondée autour des disciples de St Maroun, moine du 4ème – 5ème siècle. Les fidèles de cette communauté, traditionnellement monastique, se regroupaient autour de leur patriarche et de leurs évêques. Cela dit, j’aimerai souligner que l’histoire de ce peuple est semée de persécutions continues. Ce qui a poussé cette communauté à se réfugier d’abord au Mont-Liban, et à peupler cette région en s’ouvrant aux communautés voisines. Le siège patriarcal de la communauté maronite se trouve au Liban, considéré comme la patrie spirituelle de tous les maronites. L’enseignement des membres de cette communauté paysanne se résumait à l’enseignement catéchétique transmis par les moines et les prêtres. Ce n’est qu’avec l’influence latine, malgré les effets négatifs d’une latinisation un peu poussée, que le clergé maronite, grâce à l’école maronite de Rome, contribua à l’essor de l’enseignement au Liban. Les relations positives du patriarcat maronite avec les autres religions et confessions du pays et avec les autres grandes forces internationales, surtout la France, contribua à l’indépendance du pays.

Un petit mot sur ce passage de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre. Remarquable texte qui traduit éloquemment la triste réalité de notre condition humaine ici sur terre. Dans la liturgie maronite, ce texte a un emplacement de choix. C’est le texte du dimanche qui vient juste avant le Lundi des Cendres (oui Lundi). L’église maronite, par ce choix, rappelle à ses fidèles que le temps de carême est à aborder dans l’esprit des noces, avec beaucoup de joie. C’est un temps où nous nous rappelons notre propre alliance. Bref, il est encore tôt pour parler du carême. Reste à dire que ce texte nous rappelle que notre passage éphémère sur terre sera marqué tôt ou tard par un manque, par la précarité, même aux moments les plus culminants de notre bonheur. Le bonheur nous manquera. Notre vie est marquée par ce manque et ce manque peut se refléter différemment selon les situations.

Dans la Bible, celui qui alerte sur le manque de vin, autrement dit sur le manque de vérité, sur le manque de justice, sur le manque d’amour, sur le manque de confiance, sur le manque de fidélité à Dieu, c’est qui ? C’est le prophète ! Et on sait bien qu’en remplissant sa mission, le prophète risque toujours de n’être pas compris, et parfois menacé dans sa vie. Marie joue aujourd’hui ce rôle prophétique au risque de se laisser réprimander par Jésus. Face à ce manque, quelle action mener ? Qui sommes-nous, au fond, pour espérer transformer l’eau en vin ? Qui sommes- nous pour espérer rencontrer Jésus et lui demander de nous aider, de combler nos manques, même si apparemment les autres ne sont pas conscients de leurs manques, et que dehors, la fête continue !

Chers frères et sœurs, gardons en nous cette espérance qui se traduit en confiance en Notre Seigneur. Comme Marie, ayons confiance que Jésus continue de transformer doucement nos vies en quelque chose de plus précieux encore que cette vie, un cheminement dans l’éternité ! Là où nous sommes pauvres, là où nous sommes nus, là où se trouvent nos manques et nos blessures, Jésus vient nous toucher. Il nous transforme secrètement. Il nous ouvre à la vie autre, parce qu’éclairée de la présence de Dieu.

Homélie du Nouvel An

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Lc 2 : 21

Chers frères et sœurs, il est de coutume de formuler les vœux au début de chaque nouvelle année. Je suis énormément reconnaissant vis-à-vis de ceux qui m’ont exprimé, chacun à sa manière, les beaux vœux chargés d’émotions sincères et des meilleurs des souhaits et des intentions pour 2019. Permettez-moi à mon tour de m’exprimer :

Chers amis, je vous souhaite une année 2019 riche en expériences humaines à tous les niveaux. Je vous souhaite non pas tout le bonheur du monde, mais déjà d’être contents et satisfaits, heureux de qui vous êtes, de votre personne, fille ou fils bien-aimé(e) de Notre Seigneur. Je vous souhaite une année 2019, non pas libérée de tous les soucis et de toute tristesse, mais une année au cours de laquelle augmentera en vous cette admirable capacité à vous soucier des autres et qui se manifestera davantage pour que d’autres puissent l’acquérir. Et que votre tristesse face à l’injustice et au désordre social, ou d’autres problèmes sociaux, humains et autres, soit également un rayon d’espérance pour les autres, qu’il y ait toujours espoir en l’humanité, et qu’il y ait toujours une bonne nouvelle à annoncer.

Pour ne pas trop tarder, je ferai une petite réflexion sur les textes d’aujourd’hui, surtout sur ce court évangile de ce jour, centré sur la circoncision de Jésus. Selon la loi de Moïse, loi donnée par le Seigneur lui-même à Abraham, chaque mâle du peuple élu de Dieu, devait être circoncis. La circoncision a lieu le huitième jour après la naissance. Un signe qui concrétisait son appartenance à ce peuple et qui le marquait pour la vie, le distinguant des autres hommes. Cette circoncision corporelle préfigurait la nouvelle circoncision du Nouveau Testament, non plus corporelle, mais spirituelle, celle du cœur. Quelle forme prend cette circoncision spirituelle ? Le disciple du Christ ne peut le suivre sans porter sa croix, sans une forme de don de soi. Concrètement, nous devons fuir le péché qui nuit à notre personne, mais nous devons également œuvrer pour le salut des autres, en donnant une partie de nous-mêmes. Le chrétien se distingue par cette circoncision spirituelle. C’est par elle qu’il réalise et accomplit, par la grâce sanctifiante, les promesses de son baptême.

Chers frères et sœurs, c’est en agissant selon la grâce que nous pouvons œuvrer pour le royaume, pour que se réalise sur terre, en partie, ce que nous allons vivre pleinement au Royaume. Ce n’est pas pour rien que, à l’initiative de l’église catholique, cette journée est également la journée mondiale pour la paix. Que cette nouvelle année 2019 soit, pour chacun, une année de paix et de joie profonde, extérieure et intérieure.

Que ce nouvel an, qui commence par la journée de la paix, nous rappelle qu’il n’y a pas de paix possible sans effort, sans don, sans délaisser une part de notre égoïsme, et sans ouvrir notre cœur à la grâce, pour que cette paix et ce bonheur, qui ne peuvent être réalisés et concrétisés que si nous agissons la main dans la main avec Notre Dieu, nous accompagnent tout au long de l’année et de notre vie. A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.

Homélie 1er dimanche après l’épiphanie

P. Joseph G. EID

Lectures du 2nd dimanche après l’Épiphanie

Cor. 4, 5-15 et Jn 1, 35-42

Chers frères et sœurs, nous sommes au premier dimanche après l’épiphanie. Pour ceux d’entre vous qui suivent au quotidien les lectures du jour, vous avez sans doute remarqué que nous avons dévié de ce qui était prévu pour aujourd’hui. En effet, comme mon confrère le révérend père Béchara célébrera la semaine prochaine la St Antoine, j’ai choisi les lectures de dimanche prochain, toujours dans le cadre du temps liturgique de l’épiphanie qui s’étalera jusqu’au dimanche des noces de Cana. Cela dit, les lectures qui nous sont proposées durant tout ce temps liturgique tournent autour de l’identité de Jésus, surtout révélée durant son baptême au Jourdain, en lien avec les deux autres personnes de la Trinité.

Nous apprenons à mieux connaître Jésus-Christ, et ce qui nous est dévoilé, au fur et à mesure, nous dit quelque chose de nous-mêmes également, de notre dignité humaine, et du rapport/relation que nous sommes sensés entretenir avec Dieu et avec les autres. Dans l’évangile du premier dimanche après l’épiphanie, Jean Le Baptiste, en voyant Jésus, témoigne et proclame : Voici l’Agneau de Dieu, et il termine au verset 34 en disant :

Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu”.

Le Baptiste voit et découvre/témoigne de la vocation de Jésus. Dans l’évangile de Jean, il y a toujours ce lien entre voir et dire, entre vue et vocation. Rappelez-vous, par exemple, la passion quand Jésus voit Marie et le disciple, et qu’il dit à Marie : voici ton Fils. Marie découvre sa vocation de mère/maman des fils bien-aimés. De même, Jésus regarde le disciple bien-aimé et il lui dit : Voici ta mère. Chaque disciple bien-aimé découvre en Marie sa maman. Ici, Jean-Baptiste voit Jésus et découvre que sa vocation est de rendre témoignage. A celui qui cherche authentiquement, à celui qui est en quête, Jésus demande, comme il le fait avec les deux disciples de l’évangile d’aujourd’hui :

« Que cherchez-vous » ?

et il nous invite : « Venez, et vous verrez ». En tant que disciples du Christ, nous sommes invités au mouvement, nous sommes appelés à sa suite. Suivre le Christ ne se limite pas à une démarche intellectuelle. Il faut accepter de se laisser mouvoir à tous les niveaux. Il faut Le suivre, il faut chercher à Le voir, à voir où Il demeure. Suivre le Christ c’est entrer en relation avec Lui en toute intimité, entrer en Sa demeure et en même temps découvrir sa vocation de témoin.

Chers frères et sœurs, Jésus pose son regard sur Simon, et il lui transmet sa nouvelle identité, sa nouvelle vocation. Il devient Pierre. En quelque sorte, notre identité de chrétien doit se laisser changer par le regard que pose le Christ sur nous. Nous qui sommes à sa suite, regardons-le méticuleusement. Acceptons le changement, le déplacement. Demeurons avec Lui. Bien-plus, soyons des témoins de la Bonne Nouvelle. A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.

Homélie de la fête de l’Epiphanie

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Lc 3 : 15-22

L’Épiphanie, frères et sœurs en Christ, est un moment de révélation, un moment dans lequel nous réalisons quelque chose d’important à propos de Dieu et de nous-mêmes. L’épiphanie révèle que Jésus est le Sauveur de son peuple, mais également de tous les êtres humains qui ont vécu ou vivront. Jésus est aussi ton Sauveur et le mien. Et quand nous sommes sauvés, il nous arrive quelque chose : nous abandonnons notre propre agenda et commençons à vivre pour le salut des autres. Nous ne vivons plus pour nous seuls mais pour lui qui est mort et ressuscité pour nous, envoyant le Saint-Esprit de son Père comme premier cadeau à tous ceux qui croient en lui : Le Saint-Esprit à travers lequel nous ne vivons plus pour nous-mêmes mais pour lui, le Saint-Esprit, la plénitude de la grâce dans nos cœurs nous permettant d’achever l’œuvre de Jésus dans notre monde.

Aujourd’hui c’est l’Epiphanie, le baptême du Seigneur. Et aujourd’hui, chacun de nous se voit rappeler sa propre renaissance par l’eau et l’Esprit. Les quatre évangiles, chacun à sa manière, mentionnent que Jésus a été baptisé par Jean. Le baptême de Jean était différent du nôtre. Ce n’était pas un sacrement, même si c’était un pas en avant. C’était un signe extérieur de repentance. En traversant le Jourdain vers la terre promise, le peuple d’Israël exprimait le désir de repentance, de recommencer, d’être le peuple que Dieu voulait qu’il soit. Et Jésus, aujourd’hui, les rejoint. Il n’était pas un pécheur ; mais il s’identifie avec son peuple pécheur. Jésus descend dans l’eau. Il était déjà « descendu du ciel », comme le dit le credo : il ne s’agit pas d’un voyage spatial, mais de son incarnation. Maintenant, il descend encore plus loin : dans le flot boueux et tumultueux de l’histoire de l’humanité pécheresse. Bien plus, en mourant sur la croix il descend dans le royaume des morts. Il s’abaisse encore plus, voire à l’extrême. Et le Saint-Esprit « descend » sur lui aujourd’hui. Le Fils et l’Esprit, les deux mains du Père, descendent ensemble, jusqu’à nous, jusqu’à toucher le plus bas de notre humanité – afin que le Père puisse nous récupérer, nous ramasser, nous ramener dans ses bras.

C’est la révélation déconcertante d’un Dieu-Amour.

Et ce mouvement continue encore. Par notre baptême, Jésus descend à notre niveau. Il vit sa vie avec chacun de nous. Les Pères de l’Église aiment dire qu’aujourd’hui, le Christ a purifié, consacré l’eau et ainsi inauguré le sacrement du baptême. Nous pouvons élargir cet horizon. L’histoire humaine est l’eau. Nous menons des vies ordinaires, avec toutes nos failles et nos blessures. Pourtant, le Christ est à notre porte. Il vient. Il nous envoie l’Esprit. Il veut purifier notre vie et y déverser la foi, l’espérance et l’amour. Il donne, élargit et approfondit notre vie. Il remplit l’ordinaire de tous les jours de sens, de grâce et de prière. Après son baptême, Jésus prie, et le ciel s’ouvrit dit saint Luc. Il en est ainsi en nous. Les cieux sont ouverts. Et le Saint-Esprit descend et le Père dit : Tu es mon Fils/ma Fille, le bien-aimé(e) ; en toi je trouve ma joie. Chaque jour, le Père le dit à chacun de nous.

Chers frères et sœurs, ayons cette consolation. L’eau vitale du Christ coule déjà dans nos vies (pas de pubs). Qui sait ce qui attend chacun de nous cette année ? Mais ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que Dieu est déjà là. Dieu est avec nous. Christ est en nous. Le Saint-Esprit repose sur nous. A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.

Homélie de la Révélation à Joseph

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mt 1 : 18-25

Chers frères et sœurs, les lectures d’aujourd’hui nous invitent à méditer le mystère du Christ. Paul, dans son épître aux éphésiens, laisse entendre que ce mystère…révélé aux Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit… c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Dans le texte que nous venons d’entendre de l’évangile de Matthieu, nous contemplons le mystère du Christ à travers l’expérience qu’en fait Joseph, alors que dans l’évangile de Luc, c’est à travers l’expérience de Marie. Quoi qu’il en soit, Matthieu veut que nous nous concentrions sur le Christ-bébé qui va venir. Le texte insiste sur la naissance virginale de Jésus : …l’enfant qui est engendré en Marie vient de l’Esprit Saint. Elle est enceinte, et le pauvre Joseph n’a rien à voir là-dedans. Il en est juste informé par l’ange qui lui révèle ce qu’il a à faire. Cet enfant est le Fils de Dieu. Joseph lui donnera son Nom, Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. C’est la mission de Jésus annoncée par l’ange à Joseph.

En même temps, c’est à Joseph de coopérer avec Dieu en nommant l’enfant, en lui conférant cette mission. La personnalité de Joseph est aussi mise en évidence dans ce texte : il est un homme juste ; et ses réponses à l’ange sont en concordance avec celles de Marie. Elles indiquent qu’il est comme Marie, une personne de vertus, humble, une personne de foi. Comme elle, il veut servir le Seigneur. Comme elle, il est prêt à s’aventurer, même dans l’inconnu, car il a confiance. Cette confiance l’incite à obéir : Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. Joseph protecteur de Marie et de l’enfant Jésus a été, à travers les âges, déclaré gardien de l’église universelle.

Chers frères et sœurs, nous qui sommes en Avent, en attente, nous qui attendons comme des parents impatiemment la naissance de leur enfant, et qui préparent la venue de ce nouvel être qui va changer leur vie, avec beaucoup d’enthousiasme, nous avons en Joseph un modèle de foi. Un homme qui accueille la vie avec beaucoup d’humilité et reconnaît que cette vie ne vient pas de lui. Mais il en est responsable. Sa responsabilité, il la reçoit de Dieu en qui il a confiance. Ayons, comme Joseph, ces mêmes dispositions. Mettons-nous au service du projet de Dieu qui veut nous sauver, qui veut sauver le monde en son Fils. A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles. Amen !

Homélie Visitation de la Vierge à Elisabeth

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Chers frères et sœurs, en ce dimanche de la Visitation de la Vierge Marie à Elisabeth, nous visitons nous-mêmes le deuxième mystère joyeux du rosaire qui nous appelle à renforcer notre élan de missionnaire chrétien. Ce texte d’aujourd’hui est riche en enseignements concernant l’importance de la présence de la Vierge de Marie dans la vie du croyant et dans chaque foyer chrétien. N’est-ce pas au disciple bien-aimé que le Seigneur a adressé ces paroles : Voici ta mère ? Nous pouvons déjà apprendre de la Vierge comment être des hommes et des femmes de prières qui se laissent inspirer par l’action et la présence de l’Esprit de Dieu dans nos vies.

Guidés par l’Esprit, nous pourrions alors ouvrir nos cœurs aux besoins des autres. Comme Marie, tout en sachant que notre cheminement vers l’autre pourrait s’avérer long et périlleux, ne laissons pas l’enthousiasme de notre charité s’affaiblir à cause de la chaleur et du poids de nos soucis quotidiens. Dieu veut mener le monde à sa sanctification. Avec Marie, portons Jésus en nous à chacune de nos visites et de nos rencontres avec les autres. Offrons Jésus au monde, ainsi jaillira de nos visitations un flot interminable de grâces. Marie apporte la vie même, la vie de son Fils, à ceux qui sont présents. Dans notre mission de chrétiens, nous ne pouvons pas séparer le cœur de Jésus de celui de Marie. Si nous considérons que notre vocation de chrétien est de guider et de ramener le monde vers Jésus, dans cette perspective Marie devient la première missionnaire. Comment, comme Marie, réussir nos missions ? La visitation nous montre l’union extraordinaire de Marie avec son époux mystique : l’Esprit Saint. L’action et la coopération de l’Esprit au cours de cette visite saute à nos yeux : Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint.

Une simple salutation de la Vierge Marie remplit l’atmosphère de la personne de l’Esprit Saint. Ce que nous dit amplement la prière du Je vous salue Marie, car, en saluant notre mère, on attend en retour une petite salutation de celle qui est remplie de grâces. Celui qui demande l’intercession de la Vierge Marie est confirmé dans sa vocation : Lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Jean-Baptiste est déjà confirmé dans sa vocation de précurseur à travers la salutation de la Vierge Marie. Et cela est reflété dans l’allégresse et le bonheur que vit celui qui est appelé à une vocation particulière.

Chers frères et sœurs, n’hésitons pas à demander l’intercession de notre mère. Ayons cette confiance que, là où se trouve Marie, se trouve son Fils. Là où la Vierge va, elle amène une abondance de grâces et mène ses enfants à la sanctification. Sainte Marie mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, pour que nous glorifions Notre Seigneur à jamais. Amen.