Homélie Dimanche du Lépreux

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mc 1, 35-45

Chers frères et sœurs, les textes de ce Dimanche nous dressent un des axes les plus importants qui devraient orienter notre carême : l’obéissance à la volonté de Dieu.

Dans la lecture de la lettre aux Romains, St Paul avertit ses disciples : Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel… le salaire du péché, c’est la mort, dit-il. Dans cette perspective, la pire des maladies c’est de laisser le péché régner sur nous. Le remède présenté par Paul c’est d’obéir de tout cœur au modèle présenté par l’enseignement transmis, autrement dit, à la volonté de Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui il est question du Lépreux. Nous avons des traces de la lèpre dans des manuscrits laissés par différentes civilisations. La lèpre faisait peur et était considérée comme une malédiction des dieux, une punition de Dieu dans l’Ancien testament. Ce n’est qu’au 20ème siècle que cette maladie a pu être diagnostiquée et traitée de manière appropriée.

Le lépreux de notre évangile était donc désespéré. Les traitements de son temps ne pouvaient pas le guérir. Isolé de la société et rejeté, il ne pouvait s’approcher et toucher que ses semblables, de qui il recevait ou non, un peu d’affection. Il vint vers Jésus, se mit à genoux et lui dit : Si tu le veux, tu peux me purifier. Il savait que seul jésus pouvait sauver/guérir son corps. Tout ce qu’il fallait c’est que Jésus le veuille. En ce, le lépreux nous livre un exemple. Quelque soit la gravité de notre situation, ayons confiance en Dieu, approchons-nous de lui avec humilité. Nous pouvons être sûrs que notre espérance est toujours bien placée. Dieu écoute nos supplications. Il répond à sa manière à celui qui s’approche de Lui. Et sa réponse dépasse toujours nos attentes humaines.

Le lépreux est donc guéri grâce à cet acte de foi en la miséricorde du Seigneur. Cependant, c’est ce qui se passe après qui est intriguant. Jésus l’avertit rigoureusement : Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. Notre Seigneur interdit au Lépreux de ne rien dire, mais plutôt d’accomplir ce qui était prescrit par la Loi. Il lui révèle sa volonté. Jésus ne voulait pas que sa mission, que son annonce du royaume soit éclipsée par les bienfaits d’une guérison physique. Nous pouvons et nous devons prier pour nos besoins. Dieu nous le demande. Mais Jésus nous rappelle ce que devrait être, même au cœur de nos souffrances, notre vrai objectif, notre vrai bien : Rendre témoignage selon sa volonté prescrite dans la Loi (pour le juif). Dans nos prières quotidiennes, demandons plutôt : Quelle est ta volonté pour moi aujourd’hui ? Eclaire ma conscience Seigneur pour que j’agisse vraiment selon ta volonté révélée en Eglise. Je me confie à toi en tout, à tes enseignements.

Le comportement du Lépreux nous révèle donc l’importance de l’obéissance à la volonté de Dieu. En contrant la volonté de Jésus, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

Les gens ont continué de venir vers lui malgré l’obstruction causée par la désobéissance du Lépreux. Dieu nous donne de participer activement à son projet de salut. Il peut réaliser ce projet sans nous. Mais malheureusement nous pouvons retarder son projet, même si éventuellement Dieu finit par arranger les choses.

Chers amis, face à nos difficultés et à nos souffrances physiques psychologiques ou spirituelles, nous faisons quelquefois la même démarche que le lépreux. Nous nous approchons de Jésus le sollicitant de nous venir en aide. Mettons-nous à l’école de l’humilité. Convertissons-nous. Adoptons le regard de Dieu. En ce carême, essayons plutôt de cultiver notre désir de Dieu Lui-même, de sa volonté. Cherchons à lui offrir des petits actes qui témoignent de notre amour.

A Lui la gloire à jamais.

Premier Vendredi du Carême 2019

Pourquoi la Croix ? La Croix est, aujourd’hui le même scandale, la même folie. Ce scandale nous mène à nous interroger sur notre espérance. L’espérance que nous possédons, nous devons pouvoir en parler et en rendre compte, avec des mots jaillis de l’intérieur, comme nous l’indique St Pierre dans sa première lettre. Rendre compte de notre espérance c’est donc la mission que nous lègue Jésus à travers son Eglise. Car la Croix que nous portons sur nous, la Croix que nous traçons sur nous fréquemment dans la journée, cette Croix nous enseigne.

La croix est nécessaire : La Croix est là, imbibée de souffrance et d’anxiété. Inutile de penser que Jésus aurait pu mourir autrement, plus tard ou ne pas mourir du tout et rester avec nous. Non, Jésus le dit à plusieurs reprises à ses disciples : « Il fallait que le Fils de l’homme monte à Jérusalem » … Cet « il fallait que » a un sens. Par sa passion Jésus nous révèle le plan d’amour de Dieu. Cet « il fallait que » n’est pas une fatalité, une prédestination (Maktoub). Et comme saint Pierre, nous avons envie de dire : « Nous ne permettrons pas que cela arrive. » Saint Pierre, lui était prêt à lutter et sortit son glaive.

La Croix comme instrument de salut : Dans ce drame de la mort du Christ, il semble que ce soit le mal qui triomphe. Pourtant non, il n’y a pas de fatalité. Lorsque le mal semble l’emporter, lorsque Jésus rend son âme et que tous les disciples se dispersent comme un troupeau privé de pasteur, Jésus demeure le Vivant. Il traverse les ténèbres et prive le royaume de la mort de sa puissance.  Face à tout découragement, à toute désespérance humaine, il faut opposer cette certitude, ce roc absolu de la Croix du Christ, car c’est une Croix qui ne représente pas la mort, le néant ou l’absurde, mais qui symbolise un amour infini auquel nous sommes invités à communier. En cela réside cette espérance dont nous devons rendre compte.

Sans Croix, pas d’amour : Il y a plus encore. « Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai tous les hommes à moi » Les bras étendus du Christ ne manifestent pas tant la souffrance humaine que l’amour de Dieu qui s’offre, qui se donne constamment, qui sort de lui-même et va jusqu’au plus bas, jusqu’au plus profond de notre misère pour nous attirer à Lui, nous élever à Lui et nous unir à Lui. Il y a ainsi rencontre entre la Croix-amour de Dieu et la Croix-réponse et amour de l’homme. C’est pour cela que l’homme a été créé, pour vivre de l’amour éternel, pour atteindre et communier pour toujours, indiciblement, à la vie divine.

Aujourd’hui, nous sommes les instruments, les échos de la Croix du Christ. Si nous sommes ainsi en marche, le regard levé vers la Croix du Christ, Dieu nous révèle à chacun et à tous ensemble notre chemin, qui est un chemin de vie, de témoignage et d’espérance, un chemin d’Église.

Noces de Cana

P. Elias Adess

Chers Frères et sœurs

« En ce début de Carême, ces paroles,“convertissez-vous et croyez en l’Évangile” sont adressées à chacun de nous.

Dans l’évangile d’aujourd’hui (cf. Jn 2, 1-11), le récit témoigne du premier miracle de Jésus. Le premier de ces signes prodigieux s’est déroulé dans le village de Cana, en Galilée, lors d’une fête de mariage. Cette fête symbolise les noces de Dieu avec l’humanité. Parce que Jésus, attendu depuis des siècles, réponds aux invitations de son peuple. Jésus comble toujours notre attente. C’est par la sagesse de la Vierge Marie que Jésus intervient et pose ses mains. La vierge Marie est le chemin parfait qui mène à Jésus. Au soir des noces, dans le village de Cana se trouvait Jésus et Marie, invités. Seulement, il manquait de vin ! Il faut se rappeler que le Vin dans la bible représente la joie de la connaissance de Dieu, c’est la Parole de Dieu !

Tout le mystère du signe de Cana est fondé sur la présence de cet époux divin qui commence à se révéler. Jésus se manifeste comme l’époux du peuple de Dieu, annoncé par les prophètes, et nous révèle la profondeur de la relation qui nous unit à Lui : c’est une nouvelle Alliance d’amour.

Et Marie est là pour prier son fils, et nous affirme : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Ces mots sont un héritage précieux que notre Mère nous a laissé. Et effectivement, à Cana, les serviteurs obéissent. Servir le Seigneur signifie écouter et mettre sa parole en pratique. C’est la recommandation simple et essentielle de la Mère de Jésus, c’est le programme de vie du chrétien.

Je voudrais souligner une expérience que beaucoup d’entre nous avons faites dans notre vie. Lorsque nous sommes dans des situations difficiles, quand surgissent des problèmes que nous ne savons pas résoudre, lorsque nous sentons si souvent de l’anxiété et de l’angoisse, lorsque la joie manque, dirigeons-nous vers Marie et disons : « Nous n’avons plus de vin. Le vin est fini : regarde comment je suis, regarde mon cœur, regarde mon âme ». Et elle ira voir Jésus pour lui dire : « Regarde celui-là, regarde celle-la ». Et puis, elle reviendra vers nous et elle nous dira : « Tout ce qu’il vous dira faites-le ».

Pour chacun de nous, puiser à la jarre équivaut à faire confiance à la Parole et aux sacrements pour faire l’expérience de la grâce de Dieu dans notre vie. Alors nous aussi, comme le maître de la table qui a goûté l’eau transformée en vin, nous pouvons nous exclamer : « Tu as gardé le bon vin jusqu’à présent » Jésus nous surprend toujours. Parlons à la Mère pour qu’elle parle à son Fils, et Il nous surprendra.

Je voudrais partager avec vous un beau texte de St Ephrem à propos de ce miracle :

 » Bienheureuse es-tu illustre cité de cana

Chez toi, le premier – né a préfiguré le sacrement nouveau, au cours du repas , il a préfiguré son sang. Les sacrements célestes constituent l’union nuptiale car lorsque nous mangeons son Corps et nous buvons son sang , lui est en nous , et nous en lui  »

Que la Sainte Vierge nous aide à répondre à sa parole : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le », afin que nous puissions nous ouvrir pleinement à Jésus, en reconnaissant dans la vie quotidienne les signes de sa présence vivifiante.