Homélie “sois le vainqueur du mal par le bien”

Septième dimanche du temps de la Croix

P. Béchara AOUN

Frères et sœurs, nous sommes au septième dimanche du temps de la croix. En ce dimanche, nous clôturons notre année liturgique. L’Église maronite nous propose aujourd’hui ce passage de l’évangile qui commence par l’arrivée majestueuse du Fils de l’homme entouré par tous ses anges.

Il y est écrit à la fin que certains partent au châtiment éternel alors que d’autres vont à la vie éternelle. Cette lecture nous est proposée après une série d’extraits de l’évangile, au cours des deux semaines précédentes, où est abordée la question du royaume. Souvenez-vous de la parabole des dix vierges il y a deux semaines, et dimanche dernier de la parabole de l’homme qui distribue sa fortune à ses serviteurs avant de partir en voyage. Nous croyons que Dieu nous a créé pour vivre. Sa volonté est de nous donner son royaume en héritage. Il nous veut vivant pour toujours, auprès de lui, dans son royaume. Dans l’évangile de Luc 17,21 il est écrit : le royaume de Dieu est au milieu de vous. Aujourd’hui, Jésus Christ redit, d’une autre manière, que le royaume de Dieu est au milieu de nous.

En effet, le royaume de Dieu c’est être avec le Seigneur, et le Seigneur s’identifie à chaque être humain en souffrance ou dans le besoin. Car tout être humain a besoin d’aimer et d’être aimé. Très tôt, les premiers chrétiens ont compris cela. Ils se sont organisés pour combattre la misère de leur temps. Ils étaient attentifs aux plus faibles. Ils visitaient les malades. Et même, certains apôtres guérissaient les malades par l’imposition des mains. Quand Saint Paul, dans son épître aux Romains 12, invite les fidèles à vaincre le mal par le bien, il leur dit comment faire : bénissez, priez, aimez, partagez, accueillez, ayez de la compassion, et faites tout cela avec beaucoup d’humilité. Alors, à quand date la dernière fois où j’ai vaincu le mal par le bien ? Ne cherchons pas très loin.

Nous sommes en train de le faire à l’instant. Je m’explique : dernièrement, je suis tombé sur une petite vidéo où un enseignant explique à ses élèves que si Dieu a tout créé cela veut dire qu’Il a créé le mal également. Alors un enfant conteste et lui demande si le froid existe, ce à quoi l’enseignant répond : évidemment. Là, l’enfant lui dit que, physiquement parlant, le froid n’existe pas et qu’il s’agit uniquement de l’absence de chaleur. Puis l’enfant, pour vérifier si l’enseignant a compris, lui demande si la nuit existe. Là encore l’enseignant lui répond que oui. Alors, l’enfant explique qu’il s’agit uniquement de l’absence de lumière. Pour arriver à la conclusion que le mal n’est que l’absence du bien.

Dans la vidéo, cette pensée a été attribuée à Albert Einstein. Il faut dire que Saint Maxime le confesseur, puis Saint Thomas d’Aquin avaient déjà, bien avant Einstein, travaillé sur la question du mal et étaient arrivés à cette conclusion : le mal comme étant l’absence du bien.

Alors, pour combattre le mal, ne lui laissons pas de place dans nos cœurs. Faisons le bien, et continuons à nourrir notre vie de l’amour de Dieu. Amen

Homélie Nos talents divins

6ème dimanche après l’Exaltation de la Croix

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mt 25, 14-30

Chers frères et sœurs, une des interprétations les plus classiques de cette parabole, c’est que les talents représentent effectivement nos talents, nos dons, et qu’il faut vraiment investir ces dons pour faire du bien dans le monde. En les faisant fructifier, nous en gagnerons énormément de bénéfices, dans ce monde et dans l’autre. C’est une interprétation tout à fait plausible, mais qui ne prend pas en compte le sens premier du mot talent, terme utilisé pour indiquer une unité de masse pour mesurer le poids de quelque chose en argent ou en or.

Le talent était donc signe d’une grande richesse. Ce qui signifie que Dieu est extrêmement généreux vis-à-vis de nous tous, ses serviteurs, même avec celui qui à qui Il n’a donné qu’un seul talent.En hébreu, l’équivalent du terme/mot poids ou de ce qui pèse le plus, c’est le kabod du Seigneur, qui devient par la suite gloria en latin. Pour dire que Dieu est le plus dense, qu’Il est le plus important. Le Kabod du Seigneur se trouvait dans le temple, plus précisément sur le siège de la miséricorde qui couvrait l’arche de l’alliance, entre les deux chérubins. Ce siège était considéré comme le lieu où demeurait le Seigneur et d’où Il donnait son Kabod, sa gloire pesante, qui n’est autre que son infinie miséricorde divine.

Retournons à la parabole. Les trois serviteurs reçoivent donc une bonne et énorme portion de miséricorde divine, qui a été versée dans leur cœur. La miséricorde divine existe uniquement sous forme de don, don appelé à être fructifié. Dans cette logique-là, quand vous dépensez cette miséricorde divine, quand vous la donnez aux autres, elle augmente automatiquement en vous! Le problème du troisième serviteur, qui ne reçoit qu’un seul talent et qui l’enfouit, c’est qu’il ne comprend pas la nature du don reçu. La seule chose que nous ne pouvons pas faire avec la miséricorde divine, c’est de la garder pour soi, la préserver. Ce qui va se passer, c’est que le Maître vous l’arrachera ! C’est une simple réalité spirituelle. Quand vous essayez de faire de la miséricorde divine votre propre possession, vous la perdez.

Quand vous dépensez et dispensez le don de la miséricorde que vous avez reçu, elle augmente en vous.Dans quelques instants, des membres de la confrérie du St Rosaire de notre paroisse vont renouveler leurs vœux.

J’en profite pour les remercier de tout cœur pour tout ce qu’elles apportent à notre paroisse de par leur présence. Je les remercie avant tout pour leur beauté, beauté qui émane surtout du fait qu’elles aient toutes répondu à l’appel du Seigneur qui leur a dispensé des talents et qui les a invitées à les investir au service de son royaume dans notre paroisse. Je les remercie d’avoir incarné la vraie vocation de toute confrérie, celle d’être une fraternité, une famille de croyants engagés dans la paroisse et dans l’église et qui cheminent ensemble. Je les remercie de nous avoir porté de par leurs prières, de s’occuper de nos besoins paroissiaux les plus rudimentaires, et de vivre ainsi la charité chrétienne. Je voudrai également les remercier car elles ont toujours ce souci d’être formées spirituellement et intellectuellement dans leur foi. Et j’invite les femmes et les hommes qui aimeraient suivre leur exemple et les rejoindre à ne pas hésiter un instant.

Chers frères et sœurs, tout ce que notre Dieu sait faire, c’est donner. C’est ça la miséricorde divine. Entrons dans la confiance, et réalisons à quel point Il nous fait confiance. Soyons conscient des grâces qu’Il nous octroie ; soyons conscients de son infinie miséricorde qu’Il verse en nous. Soyons la bonne terre de laquelle jaillira le bon parfum de la gloire divine dont a besoin notre monde aujourd’hui !

A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles !

Homélie Les dix vierges

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mt 25, 1-13

Chers frères et sœurs, cette parabole des dix vierges est révélatrice de notre condition humaine et de notre vie de foi. Elle s’adresse à nous, chrétiens porteurs de lumière, invités à la rencontre de l’époux.

C’est à nous qu’est déjà confiée la tâche d’éclairer la route. C’est à nous d’être lumière dans l’obscurité et de guider les autres vers les noces. C’est à nous d’avoir des provisions, surtout au milieu de la nuit, quand tout n’est pas clair dans notre vie, quand nous sommes face à des difficultés et face au grand sommeil de la mort. C’est à nous de vivre notre foi et de refléter ce bonheur des amis de Dieu.

Déjà, comme les vierges de la parabole, insouciants ou prévoyants, nous sommes tous portés par ce désir d’aller à cette rencontre. Les vierges portaient ce désir, inné en nous, conscient ou inconscient, de nous unir pleinement à Dieu en son royaume. Et les noces incarnent cette union et cette plénitude, notre besoin de sécurité, de stabilité, de nouveauté et de plénitude. Mais la parabole nous signale le grand écart entre la volonté de Dieu pour ses enfants et la réalité concrète que nous vivons.

En vrai, nous désirons et cherchons le royaume de Dieu, mais nous ne le faisons pas tous avec sagesse. Les sages parmi nous sont ceux qui, tenant compte du temps dont ils disposent, se sont préparés dès le début à la venue du Seigneur. Mais les insensés et les insouciants reflètent qu’il y a des croyants laxistes et des indifférents. Il y a malheureusement des chrétiens qui n’orientent pas leurs efforts vers l’espérance et la résurrection. Ils vivent uniquement pour ce monde, sans se soucier forcément du jugement dernier.

Que signifierait l’huile en ce contexte eschatologique de la fin des temps ? St. Augustin suggère qu’elle symboliserait la charité. Ainsi, il est tout à fait plausible de dire que l’huile se réfère à une disposition intérieure qui accompagne nos actes. Car, en fin de compte, le cheminement des dix vierges semble pareil. Leurs actions sont similaires. Et leur projet est le même, celui d’aller à la rencontre de l’époux. Elles sont toutes équipées de leurs lampes. La différence réside en ce qu’elles ont, au milieu de la nuit, des provisions de côté. St Augustin nous rappelle l’hymne à la charité de la première lettre aux corinthiens de St Paul qui déclare l’inutilité des actions qui ne sont pas pourvues de charité. J’en retire cette belle expression : … J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.

Chers frères et sœurs en Christ, le Seigneur nous demande aujourd’hui : Avez-vous agi avec amour ? Avez-vous gardé allumée la lampe de votre espérance ? Nous sommes en ce moment invités à vérifier nos lampes. Sont-elles animées par des préoccupations et des désirs liés uniquement à la vie présente, ou brûlent-elles de l’huile durable de la charité, que même les ténèbres de la mort ne peuvent éteindre ?

A notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.

Homélie Quatrième Dimanche après l’exaltation de la Croix

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Mt 24, 45-51

Chers frères et sœurs, le maître viendra le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas. Une chose est sûre et certaine : nous ne pouvons pas échapper à la mort et le Seigneur viendra pour nous juger ; et la question que nous devons-nous poser est celle-ci : à ce moment-là, serions-nous préoccupés à faire Sa volonté ou la nôtre ?

Nous allons mourir et nous serons jugés. Beau sujet pour une conversation si vous êtes avec des amis. Imaginez-vous en train de entamer une discussion avec quelqu’un en lui disant : tu vas mourir. Nous allons mourir, et, pour la plupart des saints, c’est la réalité première qu’ils se fixent au lever du jour quand leur journée démarre. Ils font cela non pas pour sombrer dans le désespoir, mais plutôt pour que chaque jour soit pour eux une occasion d’un nouveau départ avec Dieu.

Que vais-je faire aujourd’hui pour Dieu ? Quelle est la volonté de Dieu pour moi aujourd’hui ? comment faire pour que je sois apte à aller là où je ne veux pas aller si, à un certain moment, le Seigneur vient me dire d’arrêter mes projets personnels ? Bien plus, comment faire pour que cette dernière journée soit vécue dans la plénitude de la joie avec le Seigneur et avec les autres? Comment faire pour que ce jour de ma mort soit le couronnement de ma vie? Suis-je prêt à rencontrer le Seigneur face à face ? Suis-je prêt à être jugé d’un jugement dont la mesure sera l’amour-même ? et quelles paroles voudrais-je que le Christ dise de moi à ce moment d’ultime rencontre ?

Que va-t-il me dire ? En ce qui me concerne, j’aimerai qu’il me répète les paroles qu’Il adresse au serviteur fidèle au chapitre 25 : Très bien, serviteur bon et fidèle. Très bien, tu as bien agi, tu m’as été fidèle, tu as pris soin des miens, tu as fait ma volonté de ton mieux. Oui, heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !

Chers frères et sœurs, en attendant le beau face à face avec Notre Seigneur, nous prions aujourd’hui pour que chaque instant de notre vie terrestre soit une préparation à cette rencontre. Nous prions pour que notre vie soit enracinée dans le bonheur du ciel, le bonheur de ceux qui cherchent et qui font la volonté de Dieu.

A Notre Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.