Homélie fête de l’exaltation de la Croix
P. Joseph G. EID
Évangile du jour
L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié
Chers frères et sœurs, nous fêtons aujourd’hui la fête de l’exaltation de la croix. Cette heure de gloire, c’est l’heure de la passion de notre Seigneur, l’heure de la crucifixion du Fils de l’homme qui s’abandonne entre les mains de son Père, pour nous révéler que l’Amour de Dieu est vainqueur de la souffrance et de la mort, pour nous dévoiler que notre vie trouve tout son sens en cet amour qui nous relève de l’absurdité vers la lumière. Nous savons déjà quelle est notre destination finale.
La croix nous révèle un Dieu Père plein de miséricorde qui nous aime d’un amour déconcertant. Un Père tellement écœuré par ce châtiment infligé à Son Fils, mais qui, par amour pour chacun de nous, préfère, j’oserai dire, souffrir en silence. Nous avons tellement de valeur aux yeux de Dieu, au point d’être dignes de Son amour non-mérité. La croix nous laisse pénétrer au cœur même de Dieu et nous révèle la nature même de l’Amour, le vrai Amour… un amour qui se veut sacrificiel pour celui qu’on aime. L’attitude du Fils qui, malgré son angoisse et sa douleur, démontre un courage inégalé. Oui, celui qui aime est courageux, tout en restant doux et humble. La croix nous projette un Jésus patient face aux injures, aux inflictions et aux humiliations, mais qui reste attaché à la volonté de son Père malgré le silence pesant de ce qui peut paraître comme l’absence de ce dernier. Et combien de fois, dans nos épreuves, ne nous sommes nous pas sentis révoltés à cause de ce silence ?
Mais la croix, c’est également l’ultime moment des paradoxes. Et c’est ce qui va vraiment marquer notre cheminement dans la foi. C’est ce qui va faire la gloire du chrétien, sa force et sa sagesse. Certes, la souffrance nous est déplorable, répulsive, mais la croix, elle, le chrétien l’aime et la chérit. Car aussi paradoxal que ceci puisse paraître, notre amour et notre charité chrétienne sont purifiés grâce au feu de la croix.
Déjà dans sa première lettre aux corinthiens, St Paul parle du paradoxe du langage de la croix qui est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais puissance de Dieu pour ceux qui vont vers leur salut. Ceux qui vont à leur perte, ce sont ceux qui ne vivent que pour ce monde. Ce sont plus les raisonneurs d’ici-bas, autrement dit ceux qui sont sages selon la sagesse du monde, la sagesse que Dieu a rendu folle. St Paul va expliquer que le monde, avec toute sa sagesse, ne peut pas reconnaître Dieu, et qu’il en est ainsi par une disposition de la sagesse de Dieu. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à laisser notre intelligence être éclairée par la sagesse de Dieu et, comme le dit St Paul, nous sommes appelés à proclamer quelque chose qui peut paraître comme folie aux yeux des hommes : un Messie crucifié. Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
Chers frères et sœurs, la force du chrétien est ancrée dans sa faiblesse et dans son espérance en Dieu. La sagesse du chrétien est vraiment folie, mais heureuse folie qui puise de la sagesse de Dieu.