Homélie Quinzième dimanche de la Pentecôte

P. Joseph G. EID

Évangile du jour

Luc 7, 36-50

Chers frères et sœurs, nous voilà, après les vacances, réunis pour relancer nos activités paroissiales. Certains d’entre vous ont cette habitude louable de formuler de nouvelles résolutions pour le nouvel an … ce qu’ils aimeraient accomplir sur le plan personnel, professionnel, familial, etc. Bref, un projet qui leur semble important.

De même qu’avant chaque réunion du conseil paroissial, j’envoie aux membres du conseil l’ordre du jour, l’évangile d’aujourd’hui nous révèle notre « ordre du jour » pour toute l’année : Se savoir pardonné et pardonner. Vous pourriez me dire que dans l’évangile d’aujourd’hui, il s’agirait surtout de montrer beaucoup d’amour afin de recevoir le pardon de Dieu.C’est ce que laisse entendre la plupart des traductions de ce beau verset à propos de la femme pécheresse que nous venons d’entendre : Ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Ce qui laisse entendre que la femme a été pardonnée car elle a montré beaucoup d’amour, car elle a agi avec amour. Cette interprétation est l’interprétation la plus classique, celle des pères de l’église, de nombreux saints. Et cette interprétation est tout à fait valide.

L’amour est comme le feu en nous, il nous brûle et nous transforme. D’où cette interprétation qui insiste sur l’ardeur du feu de l’amour de cette femme, la transformant, brûlant ses péchés. De même, à cause de notre conformité sacramentelle avec le Christ, nous qui avons été baptisés et confirmés, nous qui recevons l’eucharistie, le corps, le sang et la divinité du Christ, nous qui participons au sacrement de réconciliation, vous et moi, nous sommes transformés en Lui.

Ceci dit, chaque expérience authentique d’amour que nous donnons est une révélation. C’est la manière par laquelle le Christ révèle au monde son amour crucifié aujourd’hui. Nous avons reçu l’ultime commandement de Jésus de nous aimer les uns les autres comme Lui Il nous a aimé, non parce que c’est beau, parce que c’est bien, mais parce que c’est la manière par laquelle Notre Seigneur continue à se rendre présent et à être actif dans notre monde. En d’autre termes, c’est de cette manière par laquelle le Christ sauve aujourd’hui, par l’amour incarné et concret, et non pas un amour idéal désincarné et non connecté au monde… à travers votre amour, mon amour, par l’amour que partagent un époux et une épouse, l’amour des parents envers leurs enfants, par nos actes de charité authentique vis à vis des pauvres, vis à vis de nos collègues au travail, surtout ceux qui nous tourmentent.

Oui l’amour transforme, l’amour crucifié sauve, et à cause de cet amour, nos péchés sont pardonnés. A cause de cet amour sacramentel, nous participons en tant que baptisés non uniquement à notre propre salut, mais au salut du monde. C’est votre vocation. Mais il y a une autre interprétation tout aussi valable et légitime, et tout à fait révélatrice du projet de salut de Dieu. Une autre traduction de la conjonction khoti traduite traditionnellement par puisque/car (puisqu’elle a montré beaucoup d’amour), c’est de dire ainsi (pour cette raison). Le verset devient : Ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, pour cette raison elle a montré beaucoup d’amour. L’amour de Dieu, la miséricorde de notre Seigneur précède notre amour. L’amour de Dieu n’est pas conditionné. Dieu n’est pas en train de peser nos actions : Voyons si vous vous êtes bien comporté aujourd’hui, voyons si vous méritez mon pardon. Il n’y a pas de test, il n’y a pas d’examen à passer.

Notre salut ne dépend pas de nos actions, de ce que nous avons accompli. Le Christ est déjà mort pour notre salut sans aucun mérite de notre part. Quelle joie pour nous de nous savoir à ce point aimés, déjà pardonnés. Quelle reconnaissance devrions-nous ressentir. Et notre amour, notre foi, notre espérance et notre charité sont nos réponses à ce que le Seigneur a déjà accompli en nous. Nous agissons à cause de la joie qui réside en nous.

Oui chers frères et sœurs, voici notre ordre du jour, ou plutôt de l’année. Sachons que nous sommes aimés et pardonnés. Que cette assurance nous mène à pardonner aux autres. Soyons dans la joie, conscients de l’amour de Dieu. Cet amour qui nous transforme en fille et fils réconciliés et réconciliant, en la chair de notre Seigneur.

Aujourd’hui, nous n’avons pas à acheter cet amour gratuit. Nous n’avons pas à marchander la grâce de Dieu. Recevons ce qui nous est donné dans la joie, et soyons des témoins de cet amour crucifié.